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Recherches et temps perdu
13 août 2014

DODÉCAÈDRE BOULETÉ ET CARRÉ SATOR : DEUX ÉNIGMES ARCHÉOLOGIQUES

S'il est un domaine où la réflexion est fréquemment sollicitée, c'est bien l'archéologie. Les indices demandent explications et chaque découverte soulève souvent autant d'interrogations. Parmi celles-ci, il en est qui résistent et n'ont pas vraiment trouvé leur réponse.
Je profite de la pause des vacances pour "glisser" ces deux sujets... 

Le dodécaèdre bouleté

Dodécaèdre bouleté

Au hasard d'un musée, je ne peux m'empêcher de sourire quand s'y présente un exemplaire, accompagné de l'étiquette "sans explication".
Ce sont des solides à 12 faces pentagonales, réalisés en bronze, coulés probablement en "cire perdue". Ces objets, tous différents, ont été retrouvés principalement sur des sites gallo-romains du 3ème siècle ou début 4ème et pratiquement tous dans l'ancienne Celtique. Leurs dimensions varie de 4 à 9 voire 11 centimètres et l'on ignore tout de leur utilisation. Je vous laisse le soin de parcourir au gré d'internet toute la documentation à leur sujet. 
Un ingénieur, Pierre Méreaux, a étudié le dodécaèdre du musée de Tongres au nord de Liège et comparé ses résultats à ceux mis en évidence sur celui du musée de Carnuntum en Autriche. Ce qui en ressort ne manque pas d'intérêt : les trous opposés deux à deux, de diamètres légèrement différents, répondent au rapport de distance entre les deux faces opposées à des valeurs simples, 1, 5, 10, 15, 20 ou 5/2, 15/2 et 25/2. Quiconque s'interroge sur ces résultats écarte la possibilité du hasard. L'ingénieur suggère que ces objets insolites et réalisés avec soin auraient pu servir à mesurer sur le terrain des distances prédéterminées, un genre d'instruments utilisés par des géomètres. 
Ses conclusions sont indéniables, mais soulèvent à leur tour d'autres interrogations – décidément ! D'abord, si l'on recherchait des valeurs de rapport principales, il vient tout de suite à l'idée qu'on ne comprend pas pourquoi cet instrument devrait être aussi sophistiqué, avec une forme aussi rare et difficile à réaliser. Par exemple un simple cube percé aurait fait aussi bien l'affaire pour livrer trois rapports différents, bien plus facile à fabriquer et surtout à mettre en œuvre, comme le fixer sur un support pour procéder aux visées. 
Deuxièmement, je doute que de simples trous opposés, même dimensionnés avec soin dans des parois de peu d'épaisseur (1 à 3mm) puissent faire office d'instrument optique. Il sera pratiquement impossible de placer l'œil à la distance voulue pour faire coïncider la vue du premier bord avec celle du second. Sans compter qu'un manque de netteté, dû à la diffraction de l'air en bordure du trou, faussera toute mesure en l'absence de lentille. 
Nous voilà donc à nouveau face à un mystère. D'une part, des valeurs qui indiquent bien une piste. La simple observation de départ, des trous  qui paraissent avec évidence de diamètres différents, le suggérait déjà. Et d'autre part la difficulté d'en comprendre les conséquences et donc la signification, l'application ou l'utilisation... Je n'ai aucune réponse à apporter, ces réflexions restent en suspens. 
Reste que la forme privilégiée de ce solide à 12 faces mérite qu'on s'y arrête. Ces objets sont en bronze. Le travail de fondeur utilise l'argile pour fabriquer les moules, donc, cela va de soi mais il est bon de le rappeler, les fondeurs ont l'habitude de modeler. Imaginons une première expérience : nous plaçons 7 galettes d'argile juxtaposées sur une surface plate, que nous coinçons en épaisseur en plaquant une planche au dessus. Si nous rapprochons les six galettes vers la galette centrale en exerçant une pression latérale qui les déforme, nous allons supposer que la figure circulaire centrale, comprimée et déformée, va devenir un hexagone. Et même, si nous pouvions réunir les conditions de pression tout à fait optimales, également réparties, les bordures de cette dalle d'argile en hexagone seraient des lignes parfaitement droites... Cela, on le conçoit assez aisément. Nous serions donc partis de 6 cercles autour d'un septième pour aboutir à une figure parfaite plane à 6 côtés égaux et rectilignes. N'est-ce pas déjà merveilleux, à nos yeux et à ceux des penseurs de l'antiquité qui cherchaient dans la nature les traces d'une harmonie supérieure traduite dans la géométrie et les nombres ? Et là , nous sommes sur une expérience à deux dimensions.

Maintenant, il paraîtrait, et cette remarque que j'ai lue me semble importante, que si nous prenons à présent treize boules d'argile, une centrale et les douze autres blotties autour, nous allons d'une façon analogue obtenir en comprimant le tout de façon homogène, un solide central qui n'est autre que notre dodécaèdre. Magique, non ?  Comment une sphère comprimée par d'autres sphères peut-elle aboutir à un solide aussi complexe ? L'illustration ne le montre pas, mais ceux qui ont tenu en main un dodécaèdre savent que les douze faces, parallèles deux à deux, sont inversées et surtout semblent décalées. C'est ainsi, mais la coupe d'un tel objet est difficile à assimiler par nos fonctions intellectuelles si nous n'avons pas un modèle sous les yeux ! Et surtout, apparaît une figure inattendue, le tracé de chacune des faces, un pentagone régulier. La sphère du départ cachait-elle à sa surface 12 pentagones réguliers ? Pierre Méreaux cite à bon droit Plutarque qui désigne le nombre cinq « souverain dans l'univers ».  

J'ai déjà tenté l'expérience des 13 boules, mais je l'ai ratée car j'aurais dû talquer ou entourer les boules pour qu'elles ne collent pas ; et d'autre part il s'avère difficile d'exercer une pression vraiment uniforme, totalement répartie.
Si un lecteur la réussissait, je mettrais volontiers une photo de l'expérience et du résultat dans cette rubrique.  

à lire :
Le dodécaèdre : mesureur d'angle ?, Pierre Méreaux dans la revue Kadath n° 13 (1975) page 28 / dans Carnac, une porte vers l'inconnu, Robert Laffont 1981 page 147 / dans Le génie technologique des Anciens, éditions Oxus 2013. 
 

Le carré SATOR 
On a dit que le "carré SATOR" est un carré magique. Je ne le crois pas : il faudrait qu'il soit constitué de nombres s'additionnant en lignes,
colonnes ou diagonales.
Malgré tout, il est une énigme archéologique puisque le plus ancien trouvé à Pompéi daterait de -68. On le trouve gravé dans la pierre en Italie, mais aussi en Syrie, en Angleterre, en France, au Portugal...
Il est rédigé à peine en latin, certains mots n'existant même pas, où "le laboureur tient les roues de sa charrue"...
Mais il était difficile, même en latin, de créer des "mots croisés" aussi denses, et par conséquent est-il possible de n'y voir qu'une trouvaille populaire, aussi originale qu'approximative. Après, libre de chercher plus loin. Une hypothèse voudrait qu'il ait caché un symbole lié à l'Eglise primitive. http://fr.wikipedia.org/wiki/Carr%C3%A9_Sator  

 

CarréSator1

L'intérêt de mon approche est que, sans m'intéresser particulièrement à ce sujet, j'ai réparti la même phrase autour du carré proprement dit.
Intéressant : les quatre O se répartissent régulièrement aux angles.
Moyennant une petite triche : les 25 lettres du message se retrouvent à 24 sur l'entourage (le carré de 7 entourant celui de 5 ; 49 - 25 = 24). Le S de sator et celui de rotas sont ici confondus.
Une autre disposition permet de caler cette fois les A dans les angles.
L'emplacement des O et des A dans le carré initial n'est pas anodin et permet cette permutation. Ils reviennent dans un cycle de 6 et on les trouve opposés encadrant les coins du carré. Mais, plus largement, il apparaît que les voyelles se disposent en damier.

 

 

CarréSator2

Cette particularité est déjà signalée sur le site internet
http://freeforumzone.leonardo.it/lofi/sator/D2671244-4.html

En réalité, comment pourrait-il en être autrement pour obtenir des mots, même intraduisibles, qui se répondent dans tous les sens ?  

Je laisserai donc ce fameux carré avec tout son mystère. Par goût personnel, ce ne sont pas ceux-là qui m'attirent le plus, je préfère de loin ceux que la nature nous cache. Elle ne nous dit pas qu'elle les cache, elle ne nous dit même pas où sont ces mystères, elle nous dit encore moins qu'ils existent ; seul notre esprit, doué de rêverie, les invente 

Le mois d'août est la période où l'on souffle,
où l'esprit s'égare dans ses rêveries...
Laissons donc aussi souffler l'esprit...

 

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Commentaires
T
Carré Sator : Voir le Roman "MEMORIAE - J'AI ETENDU DE GRANDES AILES", Chapitres "Avaricum", "Et facta est lux" et "Arsinoé". L'hypothèse est très intéressante (2020 Babelio/Amazon).<br /> <br /> Cordialement
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