EGLISE CRYPTE 2

crypte abbatiale de l'île d'Aix

Avec les vacances s'écoulent les beaux jours sous le soleil... ainsi que les visites des monuments du patrimoine. C'est ainsi qu'à l'île d'Aix nous avons pu visiter la vieille église qui fut abbatiale. Son chœur est occulté comme on le voit sur la photo ci-contre mais en fait la chapelle centrale formant sanctuaire est surélevée et abrite une crypte (romane11^ème -12^ème) qui, à la manière des "confessions" d'autrefois, possédait un double accès, à droite comme à gauche, permettant les processions. La flèche rouge en indique l'accès restant, celui de gauche étant comblé.

C'était aussi la disposition de l'église de Cormeilles en Parisis dont la crypte a été fouillée ces dernières années. Les accès donnaient sur les nefs latérale, la crypte étant plus vaste et formée de trois nefs sur plusieurs travées. 

Il est possible que l'église d'Herblay ait bénéficié de cette configuration.
Avant l'agrandissement du 16^ème siècle, a dû exister un chœur intermédiaire du 13^ème ou 14^ème, comme l'atteste la découverte de colonnettes et d'éléments d'ogives peints mais aussi les culs-de-lampe subsistant sur le mur est du transept.
Nous entrons alors dans les hypothèses. La chapelle centrale aurait été surélevée, comme à l'île d'Aix, et les accès auraient alors débouché près des piles du clocher. Vers 1500, à l'occasion du nouveau chœur, le tout aurait été nivelé et les entrées murées. La crypte y serait-elle demeurée intacte ou a-t-il fallu araser les voûtes et combler la partie souterraine ? De là, en tout cas, viendrait cette tradition locale d'une crypte, qui aurait effectivement existé.

Tradition ou découverte ?
Une tradition aurait-elle pu être aussi tenace ? Je réponds oui : ma grand-tante me rapportait bien des anecdotes de 1870, et même si je ne les avais pas notées, ma fille aurait pu encore les rapporter fidèlement en 2060, donc facilement 200 ans après.
Et même, une découverte attestant une cave ou une construction souterraine a pu être faite à l'occasion d'une inhumation dans l'église. Les emplacements des sépultures suivaient une règle stricte, comme on le voit sur le plan. Au sanctuaire, les curés, un peu plus loin, les vicaires. Dans le chœur et les chapelles les seigneurs, la nef aux bourgeois et autres généreux donateurs. Les documents d'archives permettent de situer approximativement les tombes. Seules, par exemple, les tombes de deux seigneurs, en 1715 et 1777, sont désignées "dans le chœur" et pourraient donc être à l'origine d'une découverte. Au mieux, il est possible que si la crypte subsistait intacte, on n'enterrait pas dans la partie concernée.
Le plan mentionne en jaune l'emplacement de tombes, en bleu celui plausible d'un ancien chœur, dont en bleu plus foncé la partie centrale surélevée qui aurait pu abriter une crypte.
Une simple anfractuosité dans un mur de la sacristie pouvait maintenir le souvenir d'un passage, soit que réellement un aménagement permettait un accès souterrain encore utilisable, soit qu'on se soit contenté de faire croire aux enfants de chœur qu'il s'agissait d'une galerie menant à la mythique chapelle souterraine.  

Investigations
Le sort, sans être fatal, a été nuisible à l'éclaircissement de cette énigme. Alors que des églises ont vu leur sol entièrement fouillé, comme à Pontoise ou Saint-Clair sur Epte, celle d'Herblay a bénéficié d'un chauffage par le sol en 1986 sans que la moindre recherche ait été effectuée. Cet aménagement a quasiment fait perdre tout espoir de vérification. Dommage, non ?